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Le testament politique de Louis XIV

L’endettement de la France après des décennies de guerre                                        

L’endettement public a connu au cours de l’histoire de fortes variations, ne prenant de l'ampleur qu'au XVIIIe siècle et atteignant lors de la Révolution des niveaux astronomiques, ensuite épongés par des périodes de forte inflation, de forte croissance, ou de hausse des recettes publiques.

À la mort de Louis XIV, en septembre 1715, la France apparaît comme le royaume le plus peuplé, le plus puissant et le plus prospère d'Europe, avec une vingtaine de millions d'habitants et une population en progression. La « ceinture de fer » de Vauban la protège durablement contre les risques d'invasion. Suite à des décennies de guerre, soit des conflits de frontière,

  • comme la guerre de dévolution, au cours de laquelle, invoquant une coutume « brabançonne », la « dévolution », Louis XIV revendiqua au nom de sa femme certaines provinces des Pays-Bas espagnols (l’actuelle Belgique),
  • la guerre de Hollande, qui se conclut par la paix de Nimègue qui amena la France à annexer la Franche-Comté et la Flandre du sud,
  • ou la politique des Réunions, qui consista à réunir à la couronne des places fortes frontalières et qui accumula contre Louis XIV les griefs de toute l’Europe, provoquant une nouvelle coalition : la Ligue d’Augsbourg, et la guerre de la Ligue d’Augsbourg, dont le motif était le Palatinat, dont le Prince Électeur venait de mourir et qui se conclut par les traités de paix signés à Ryswick, en Hollande, qui ne laissa à la France que pratiquement Strasbourg et Sarrelouis des précédentes « réunions » ;

soit une guerre de succession,

  • la guerre de Succession d’Espagne, lorsque Louis XIV autorisa son petit-fils, le duc d’Anjou, à ceindre la couronne d’Espagne sous le nom de Philippe V[1],

la dette s'élève à 2,8 milliards de livres, c’est-à-dire l'équivalent d'une dizaine d'années de recettes.

Testament politique de Louis XIV devant le futur Louis XV[2]

Le 26 août 1715, au milieu de la journée, le roi s'adresse à son successeur, le futur Louis XV, un petit garçon, le dernier arrière-petit-fils du roi régnant, son seul héritier légitime survivant : « Mignon, vous allez être un grand roi, mais tout votre bonheur dépendra d'être soumis à Dieu et du soin que vous aurez de soulager vos peuples. Il faut pour cela que vous évitiez autant que vous le pourrez de faire la guerre: c'est la ruine des peuples. Ne suivez pas le mauvais exemple que je vous ai donné sur cela. J'ai souvent entrepris la guerre trop légèrement et l'ai soutenue par vanité. Ne m'imitez pas, mais soyez un prince pacifique, et que votre principale application soit de soulager vos sujets. Profitez de la bonne éducation que Madame la duchesse de Ventadour vous donne, obéissez-lui, et suivez aussi pour bien servir Dieu les conseils du père Le Tellier, que je vous donne pour confesseur. » 

Ce discours au futur roi est véritablement un testament politique, où Louis XIV insiste sur la paix. Cette pressante exhortation permet de mieux comprendre aussi la raison de l'exclusion de Philippe V du testament de 1714 : donner place aux prétentions du souverain espagnol à la succession française risquerait de ranimer la guerre en Europe.

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