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Les apports du traitement métabolique du Dr Laurent Schwarz

L’acide lipoïque

Rappelons que plusieurs publications ont fait état d’une expérience visant à transplanter un noyau cancéreux dans une cellule saine. La cellule générée sera finalement bénigne. L’inverse fonctionne aussi : si on introduit le noyau d’une cellule saine dans une cellule cancéreuse, on obtiendra une cellule maligne. Tout se passe comme si le noyau et donc les gènes ne jouaient pas un rôle clé dans ce qui était, il y a peu encore, considéré comme une maladie du seul génome.

Redémarrer la mitochondrie

D’autres chercheurs ont poussé l’expérimentation plus loin et ont injecté à des cellules cancéreuses des mitochondries de cellules normales. Le caractère cancéreux a disparu ! La cellule s’est mise à respirer à nouveau et a cessé de se multiplier. Un siècle après les travaux menés par Warburg et ses équipes, démonstration est à nouveau apportée que le cancer est une maladie de la mitochondrie et non du génome.

On a vu que la cellule saine était conçue soit pour synthétiser, soit pour brûler. Elle brûle les dérivés du sucre pour les transformer en énergie ou au contraire pour grossir et se diviser, en allumant ou en éteignant les mitochondries. Si la mitochondrie est lésée, ou si elle ne reçoit plus sa nourriture, la cellule ne peut donc plus brûler. Pour survivre, elle utilisera alors une voie bien moins efficace pour fabriquer de l’énergie : la synthèse. Et comme elle synthétise, elle grossira et se divisera. Le cancer n’est que cela. La mitochondrie est asséchée, car elle est déconnectée du cytoplasme. Le cancer n’est finalement qu’un problème de plomberie !

Pour empêcher le cancer de croître, il suffit de relancer l’activité de la mitochondrie quand c’est encore possible. Il n’est pas possible malheureusement d’injecter des mitochondries aux cancers de nos patients ; il faut donc trouver le moyen de les guérir autrement, notamment avec des médicaments bon marché qui existent dans la pharmacopée européenne et qui sont sans danger majeur.

Voici une explication à laquelle Warburg n’avait pas pensé… Il existe une enzyme (protéine aux propriétés catalytiques, capable d’orienter une réaction) appelée pyruvate déshydrogénase (PDH) qui permet le passage du pyruvate (un dérivé du sucre) vers la mitochondrie. Si la PDH est bloquée, ce dérivé du sucre ne peut pas être consommé par la mitochondrie. Il y a accumulation et stagnation anormale de pyruvate qui va prendre un autre chemin et sera excrété sous la forme d’acide lactique, comme nous le verrons. Voilà l’explication de l’effet Warburg. Une autre voie métabolique va aussi s’ouvrir (la voie de synthèse ou voie des pentoses phosphates pour les spécialistes) qui va entraîner la synthèse de tout ce qui permet de grossir (ADN, protéines…). La déconnexion de la mitochondrie à cause de la PDH inactivée entraîne la croissance tumorale.

La PDH n’est pas une simple enzyme, c’est un complexe de multiples sous-unités… autant dire un cauchemar pour biochimiste ! L’un des cofacteurs [Un cofacteur est une molécule permettant de faire fonctionner une enzyme, sans le cofacteur l’enzyme est inactive] de ce complexe est un médicament fréquemment prescrit en Europe du Nord, l’acide lipoïque. L’addition d’acide lipoïque stimule la PDH et le pyruvate est alors dégradé par la mitochondrie qui était simplement «débranchée». Des dizaines de publications scientifiques décrivent l’efficacité antitumorale de ce médicament.

L’hydroxycitrate

Si la mitochondrie se remet à fonctionner, elle va produire de l’énergie et brûler. La croissance ralentira. Mais dans le cas du cancer, la mitochondrie tumorale « fuit ». Du citrate (acide nommé citrate, car il est présent en grande quantité dans les agrumes, notamment dans le citron) sort de la mitochondrie pour aller dans le cytoplasme d’alentour. Pour colmater la brèche, il faut bloquer une autre enzyme clé, la citrate lyase, par de l’hydroxycitrate.

L’effet conjugué de l’acide lipoïque et de l’hydroxycitrate

Si le lecteur non scientifique fait abstraction des termes techniques, la démonstration peut sembler très simple. Pourtant, il a fallu plus de dix ans pour l’élaborer.

L’injection de cellules tumorales dans le flanc des souris se transforme en tumeur palpable en quelques jours, et la souris décède en quelques semaines. Un traitement à l’acide lipoïque ou à l’hydroxycitrate, pris isolément, n’a eu que peu d’effet. En revanche, la combinaison des deux produits s’est révélée extrêmement efficace pour ralentir la croissance des cancers de tous types (vessie, côlon, poumon, mélanome cutané...). Le Dr Laurent Schwarz et ses équipes avaient découvert un nouvel invariant, et ce résultat fut confirmé par d’autres, plus tard.

Figure : La combinaison acide lipoïque + hydroxycitrate a freiné le développement de la tumeur et a permis de doubler la durée de survie des souris par rapport à la chimiothérapie

Contrairement aux idées reçues, l’hydroxycitrate ne fait pas maigrir, mais il est toujours vendu comme coupe-faim. Je conseillais à mes patients les doses prescrites pour traiter les autres maladies. Ce n’est pas de la science, mais de la prudence. Des collègues italiens avaient fait de même et avaient observé à la fois une absence de toxicité et des résultats inespérés, qu’ils avaient d’ailleurs publiés dans une revue à comité de lecture.

Des molécules non toxiques et bon marché

Dans le traitement métabolique du cancer, la posologie est la suivante :

Acide lipoïque: 600 mg, en injection intraveineuse lente

Hydroxycitrate: 500 mg en comprimés, matin, midi et soir

Pour des raisons pratiques, il est difficile de conseiller une injection quotidienne d’acide lipoïque. Il existe aussi des comprimés, que je conseillais alors d’avaler à raison de 800 mg matin et soir.

On trouve l’hydroxycitrate dans les parapharmacies, ou sur Internet. Il est extrait d’un fruit exotique, le Garcinia cambogia ou le tamarinier de Malabar. Il ressemble à une citrouille et est riche en hydroxycitrate. Hoffmann-la Roche, la grande firme pharmaceutique suisse, l’avait proposé pour traiter l’obésité il y a quarante ans. L’absence d’efficacité dans cette indication-là avait fait arrêter la commercialisation.

Il n’existe pas, dans le commerce, d’hydroxycitrate pur. Les patients furent contraints de prendre un complément alimentaire riche de 60% d’hydroxycitrate, les 40% restants étaient constitués de sel et d’excipient.

Ce traitement n’a pas d’effet secondaire toxique lourd. Certains malades se sont plaints de malaises fugaces à la perfusion d’acide lipoïque. Une crise d’épilepsie a été observée chez une patiente aux multiples métastases cérébrales. Deux patients ont perdu du poids (moins de 5% de leur masse) et l’ont regagné rapidement. Rien de majeur à signaler fort heureusement ! Près de 2 ans et demi plus tard, sur les onze premiers patients, cinq sont encore en vie. C’est un exploit si l’on considère que tous avaient été renvoyés à leur domicile pour y mourir !

Ce travail n’a pas été un long fleuve tranquille. Les malades arrivaient avec un espoir souvent sans retenue, mais ils m’ont apporté en même temps leur propre expérience. Parmi eux, j’ai rencontré un médecin âgé d’une soixantaine d’années, établi près de Bar-le-Duc dans la Meuse, qui présentait un cancer métastatique au foie et à l’os. Comme cela arrive dans près de 10% des cas, la tumeur primitive qui avait essaimé ne fut pas retrouvée. Ce médecin était en bon état général, mais ne supportait plus la chimiothérapie qu’il subissait depuis près de deux ans. Le traitement métabolique a été efficace un temps. Passionné de diététique, il m’a parlé du régime cétogène (expliqué plus loin). L’association de ce régime pauvre en sucre au traitement métabolique parvint à contenir le cancer jusqu’à ce que les métastases hépatiques et osseuses recommencent à proliférer. L’adjonction d’une chimiothérapie douce (Xeloda) entraîna une nouvelle régression de la maladie. Ce malade survécut trois ans.

À ce jour voilà ce que le Dr Laurent Schwarz sait :

Il semble que la première vraie révolution du traitement métabolique concerne les tumeurs cérébrales, et en particulier la plus violente : le glioblastome. L’espérance de vie est de quelques mois. Les patients à qui il a conseillé le traitement métabolique, en conjonction avec le traitement classique – pour peu qu’ils étaient en bon état général, c’est-à-dire capables de prendre le traitement métabolique – vont bien, et ceci plusieurs années après. Les patients qui ont des métastases cérébrales aussi. Le Dr Laurent Schwarz ne sait pas pourquoi le succès est le plus net pour ces patients-là.

Lorsque le traitement métabolique est donné conjointement à des thérapies ciblées (Tarceva, Iressa), le devenir des patients atteints de cancer du poumon est lui aussi transformé.

Pour les autres tumeurs, l’association d’un traitement métabolique, d’un régime cétogène et d’une chimiothérapie orale légère permet de surseoir à une chimiothérapie lourde.

Par ailleurs, le scientifique, qu’est le Dr Laurent Schwarz, aurait aimé comprendre pourquoi certains cancers ne répondent pas au traitement. Il a tenté d’augmenter la dose d’acide lipoïque chez certains malades. Il préconisait une perfusion de 600 mg le matin et une autre de 600 mg le soir (donc 1 200 mg par jour au lieu des 600 mg). Comme les patients étaient pris de vomissements, il décida d’arrêter.

L’acide lipoïque n’est qu’un des cofacteurs de la pyruvate déshydrogénase. Il rallume l’enzyme, mais encore faut-il que celle-ci existe encore ! Il arrive que l’enzyme ne puisse plus fonctionner, même en présence de son cofacteur. Elle peut avoir disparu, avoir muté ou avoir été inactivée. La mitochondrie que le Dr Laurent Schwarz cherche à réactiver peut elle aussi avoir disparu ou ne pas être fonctionnelle. Ce sont là de vraies questions, qui doivent trouver leur réponse.

L’acide lipoïque ou l’hydroxycitrate sont des molécules à la demi-vie courte. Il existe probablement de meilleurs produits, et des chercheurs tentent de les trouver ou de les fabriquer. Il existe notamment une copie de l’acide lipoïque, le CPI 613 mis au point par la compagnie américaine Threshold Pharmaceuticals. Toutefois, leur médicament sera certainement moins bon marché, et il est encore plus probable que les malades meurent bien avant d’avoir pu en bénéficier.

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