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"Aidons nos enfants à retrouver confiance en leurs capacités" est un projet permaculturel pour les adolescents des quartiers difficiles et les autres, pour la France, l’Europe et le monde.

Aidons nos enfants à retrouver confiance en leurs capacités en leur permettant :
-    de découvrir leur spécificité,
-    d’acquérir les compétences nécessaires pour aborder le monde de demain,
-    et de s’y insérer.

Offrons-leur des projets :
-    éducatifs, nutritionnels, permaculturels et écologiques,
-    de santé physique et intellectuelle,
-    alliant éducation bienveillante, équilibre et harmonie,
-    intégrant toute l’équipe d’un établissement scolaire,
-    reposant sur le passage de la cantine d’une école primaire, d’un collège, voire d’un lycée en bio
-    et sur l’apprentissage du maraîchage bio permaculturel et de l’élevage de petits animaux (des poules par exemple).

        À terme, le but serait de créer un maillage de micro-fermes maraîchères en milieu urbain et péri-urbain, produisant localement des fruits et des légumes frais, de saison, selon les principes de l’agriculture biologique, l’agroécologie, l’agroforesterie, la permaculture et la biodynamie (méthode dite de la ferme du Bec Hellouin).

    L’agriculture biologique, l’agroécologie, l’agroforesterie, la permaculture et la biodynamie sont respectueuses de l’environnement. Prendre soin des sols restaurera et préservera leur qualité, celle des rivières et des nappes phréatiques et permettra de lutter contre l’érosion des sols et le réchauffement climatique. On évitera ainsi le recours aux engrais chimiques, pesticides, herbicides et autres insecticides.

    Des micro-fermes urbaines et péri-urbaines feront du patrimoine naturel et paysager un moteur de développement économique et de création d’emplois. Il s’agit de mobiliser de petites surfaces (1 000 mètres carrés, soit 10 ares, par travailleur) pour pratiquer un maraîchage essentiellement manuel, d’améliorer nettement la productivité en densifiant les cultures, en associant les végétaux et en apportant un soin extrême à toutes les cultures. Un renfort en main d’œuvre sera sans doute nécessaire pour traiter l’excès de charge de travail.

Les rendements moyens du maraîchage biologique mécanisé sont de l'ordre de 25 à 30 000 € l'hectare (100 ares), tandis que l'approche permaculturelle développée au Bec Hellouin a permis d'atteindre 55 000 € sur 1000 mètres carrés cultivés (10 ares). Lors de la troisième année, il a été possible de dégager un salaire net mensuel d'environ 2 000 euros (et même 2 500 euros dans les fourchettes hautes), avec une qualité de vie correcte.

Les jardiniers-maraîchers parisiens, de grands précurseurs

Les jardiniers-maraîchers parisiens du XIXe siècle étaient parvenus à un niveau d’excellence que peu de maraîchers contemporains atteignent. Ils réalisaient jusqu’à huit ou neuf rotations de culture par an, et produisaient, sans aucune forme de mécanisation et sans une goutte d’énergie fossile, des salades toute l’année, des melons, concombres, fraises et tomates dès avril-mai.

Durant toute la seconde moitié du XIXe siècle, il semble que Paris ait été autosuffisante en légumes intra-muros, en toutes saisons. La production de la capitale, diversifiée et d’une grande qualité, s’exportait même vers les marchés londoniens. L’exemple des maraîchers parisiens peut inspirer de nombreux élus pour réintroduire l’agriculture au cœur des territoires urbains et périurbains.

Les jardiniers-maraîchers disposaient de « marais » – le nom encore donné à leurs jardins, en souvenir de l’époque où les cultures légumières étaient menées en zones humides –, de petite taille, dans les espaces laissés libres par l’urbanisation, bien plus lâche qu’aujourd’hui. En 1845, les cultures vivrières dans l’enceinte de Paris couvraient environ     1 378 hectares, divisés en 1 800 jardins – chaque jardin mesurait donc environ 7 650 mètres carrés. Ils employaient 9 000 personnes, soit 5 personnes en moyenne par jardin : le maître maraîcher et son épouse, des hommes à la journée, et une fille ou un garçon à gages, le plus souvent des enfants. Le travail de ces 9 000 jardiniers-maraîchers suffisait à alimenter la capitale (environ 1,8 million d’habitants) en légumes.

L’urbanisation croissante faisait monter les prix du foncier et repoussait progressivement les maraîchers vers la périphérie. Les producteurs exerçant leur métier dans la cité étaient pénalisés par le coût des terrains, et soumis à la concurrence des maraîchers installés à la campagne, parfois fort loin de Paris, où les charges liées au foncier étaient beaucoup moins élevées. Pour rester économiquement compétitifs, les jardiniers-maraîchers parisiens ont été constamment acculés à améliorer leurs techniques, ce qu’ils ont réalisé en travaillant sur deux axes : produire toute l’année et produire davantage par unité de surface. Ils pouvaient ainsi proposer à la vente des légumes durant la saison hivernale et au début du printemps, alors que leurs collègues hors les murs n’avaient rien à vendre, et mieux rentabiliser chaque pouce de terrain. Ces contraintes expliquent peut-être leur niveau d’expertise inégalée.

Créer du sol

Pour parvenir à ces résultats, les jardiniers-maraîchers accordaient un soin extrême à leur terre. Ils devaient littéralement créer leur sol, lorsqu’il ne correspondait pas à leurs critères. Ils disposaient pour cela de quantités quasi illimitées de fumier, puisque la traction hippomobile était la norme dans le Paris de l’époque. En compostant de grandes quantités de fumier au cœur même de la cité, ils rendaient un grand service à la métropole, et illustraient deux des principes de la permaculture :                                                                                                                               

- tout produit d’un système qui n’est pas réutilisé à l’intérieur de celui-ci devient un polluant à l’extérieur ;

- les déchets de l’un doivent devenir la ressource d’un autre.

Créer  du sol était un long processus : « Quand un jardinier-maraîcher s’établit sur un terrain neuf qui n’a pas encore était cultivé en marais, il lui faut quelques années pour rendre la terre meuble et facile à cultiver. Pendant ces quelques premières années, les engrais nécessaires pour rendre la terre fertile peuvent être considérables. » C’était une grande perte pour un jardinier-maraîcher que de devoir quitter son marais, chassé par l’urbanisation, pour recommencer ailleurs. Dans la pratique, créer du sol n’est possible que sur de petites surfaces, et encore, à condition de disposer de ressources importantes en matière organique.

Les jardiniers-maraîchers nourrissaient le sol pour qu’il nourrisse les plantes, alors que les agriculteurs conventionnels de notre époque  nourrissent directement les plantes avec des engrais solubles. Le résultat, dans la durée, n’est absolument pas comparable, car la première approche crée de l’humus, tandis que la seconde en détruit.

Produire toute l’année

Dans leur effort pour alimenter la capitale en légumes frais produits localement, douze mois sur douze, les jardiniers-maraîchers ont fait preuve d’une inventivité admirable. Ils ont utilisé la ressource en fumier, surabondante, pour générer de la chaleur en plus de la fertilité, grâce au système des couches chaudes. Toute l’année, la charrette qui partait quotidiennement en fin de nuit livrer les légumes « à la halle » rapportait au marais un chargement de fumier. À l’automne, les maraîchers réalisaient les premières couches chaudes, mélangeant pour cela du fumier frais et du fumier ayant déjà chauffé. Les couches pouvaient être réalisées dans des tranchées ou sur le sol, en empilant soigneusement le fumier. Sur ces couches étaient ensuite posés des châssis vitrés ou des cloches de verre – chaque maraîcher en possédait un nombre important. Les jeunes plants étaient semés en pépinière, puis généralement repiqués deux fois, de manière à optimiser l’espace. La chaleur dégagée par le fumier en décomposition permettait aux végétaux de pousser même au cœur de l’hiver, au prix d’incroyables efforts de la part des maraîchers qui veillaient, de jour comme de nuit, à protéger leurs cultures du gel. Si la chaleur diminuait, des réchauds – empilement de fumier frais – étaient montés autour des cloches et des châssis. Ceux-ci étaient couverts, la nuit ou par grand froid, de paillassons en paille de seigle, parfois sur deux ou trois couches, fabriqués par les maraîchers eux-mêmes, le matin à la chandelle ou le soir à la veillée, faute de temps durant la journée. Les contraintes liées à la manutention de milliers de cloches et de centaines de châssis, qu’il fallait aérer ou au contraire couvrir, semblent invraisemblables à notre époque.

Le fumier décomposé se transformait en fertilisant pour le sol. Des apports généreux de compost, sous forme de terreau répandu  sur les semis, et des apports de paillage, léger lit de fumier déposé en mulch entre les plants, permettaient d’améliorer la fertilité et de soutenir l’énorme production.

Des milliards de travailleurs « au noir » 

Le jardinier-maraîcher dispose de milliards d’assistants invisibles. Il est épaulé par un nombre quasiment infini de bactéries, de vers, de champignons, de crustacés qui l’aident secrètement et œuvrent pour lui jour et nuit, sans jamais demander de salaire. Le jardinier-maraîcher permaculturel ne cherche pas tant à faire pousser des plantes, il tente avant tout de favoriser l’épanouissement de toutes les forces de vie présentes dans son jardin. Nous sommes les serviteurs des vers de terre. Les agronomes diront plutôt que nous tirons profit des services écosystémiques – services qui sont gratuits et durables.

Les associations de culture

Comme bien souvent, la réussite des jardiniers-maraîchers parisiens s’explique par la mise en œuvre d’un ensemble de stratégies complémentaires convergeant vers un même but. Les associations de cultures faisaient partie de ces stratégies ; elles se révèlent particulièrement intéressantes pour notre époque. Les maraîchers du XIXe siècle, dans leur effort pour tirer la quintessence de chaque mètre carré cultivé, associaient avec art les légumes. Les descriptifs de leurs cultures comportent des informations précieuses sur les associations éprouvées de l’époque : les laitues étaient cultivées avec des carottes ou des radis, des épinards, du persil, puis remplacés par des choux-fleurs – on parlait de contre-planter la culture suivante, avant que la précédente n’ait été récoltée en totalité.

Pour toutes ces raisons, des pratiques agricoles fondées sur le non-travail du sol peuvent être efficacement réalisées entièrement à la main sur de toutes petites surfaces et atteindre un niveau de productivité que la machine ne pourra égaler. Il est donc possible de glisser d’une utilisation polluante, payante et non durable de moteurs thermiques vers une utilisation propre, gratuite et durable du soleil.

C’est aux États-Unis qu’ont été redécouvertes et développées les techniques des maraîchers parisiens du XIXe siècle, pour être reprises ensuite en France, à la ferme du Bec Hellouin.

John Jeavons, l’homme qui fait pousser plus de légumes

Dans les années 1920, un jeune et talentueux jardinier anglais, Alan Chadwick, recueille l’héritage de ce qui se fait de mieux en matière d’horticulture sur le vieux continent. Il se forme auprès d’anciens maraîchers parisiens. Chadwick étudie également la biodynamie auprès de son fondateur, Rudolf Steiner. Chadwick réalise une synthèse des deux approches, qu’il baptise « Méthode française intensive et biodynamique ». Il perfectionne sa pratique pendant une cinquantaine d’années, en Europe, en Afrique puis en Amérique.

Au début des années 1960, Alan Chadwick crée un jardin avec les étudiants de l’université de Santa Clara, en Californie. En trois années, ils transforment une terre aride et inculte en florissant petit paradis, où Chadwick commence à enseigner sa méthode. Les savoirs des anciens maraîchers parisiens sont repris et développés outre-Atlantique. Chadwick affirme : « Cultivez juste une petite parcelle, et faites-le bien. Ensuite seulement, lorsque vos résultats sont satisfaisants, cultivez davantage. »

En 1972, formée par Alan Chadwick, une jeune équipe crée un centre de recherche et d’enseignement de la microagriculture, géré par Ecology Action, organisation à but non lucratif. Pilier de l’organisation, John Jeavons étudie, pratique et transmet depuis lors, et continue de le faire, à plus de soixante-dix ans. John Jeavons et son équipe ont baptisé leur approche GROW BIOINTENSIVE, généralement traduit en français par « microagriculture bio-intensive ».

John Jeavons a vendu « plus de 500 000 exemplaires » de son livre How to Grow More Vegetables than You Ever Thought Possible on Less Land than You Could Imagine, titre pouvant être traduit comme ceci : « Comment faire pousser plus de légumes que vous ne l’auriez cru possible sur moins d’espace cultivé que vous ne l’imaginiez ». John Jeavons partage dans ces pages le fruit de quarante années de recherches de son organisation Ecology Action.

Eliot Coleman, l’un des meilleurs maraîchers au monde

À la fin des années 1960, Eliot Coleman a trente ans. Son objectif est de transformer une forêt de conifères, acquise pour quelques dollars auprès d’un couple de pionniers du bio, en une ferme. Il se met à abattre les arbres, découvrant un sol de sable et de cailloux, au PH très acide, impropre aux cultures maraîchères.

En France, Eliot Coleman part à la rencontre des derniers héritiers de la riche tradition maraîchère parisienne. À l’automne 1974, il découvre, à Blainvilliers, dans la banlieue sud de Paris, les jardins maraîchers de Louis Savier. Eliot Coleman lui rend visite trois fois avant que Louis Savier ne prenne sa retraite en 1996.   

Eliot Coleman dirige ensuite une ferme expérimentale, devient pour deux années directeur de l’Ifoam (la Fédération international des mouvements d’agriculture biologique), conseille divers projets et conçoit des outils innovants, avant de reprendre en main sa Four Season Farm à la fin des années 1990. Il a alors à son actif deux livres qui sont devenus des références aux États-Unis : The New Organic Grower et Four-Season Harvest. Il entame la rédaction d’un nouveau livre, auquel il travaillera dix années durant, The Winter Harvest Handbook, dont l’édition française sera baptisée Des légumes en hiver : produire en abondance, même sous la neige. La spécialité d’Eliot Coleman est précisément de faire pousser d’excellents légumes au cœur de l’hiver.

Charles et Perrine Hervé-Gruyer, créateurs de la Ferme du Bec Hellouin

En 2004, Charles et Perrine Hervé-Gruyer créent la ferme du Bec Hellouin, en Haute-Normandie. Cette ferme fait aujourd’hui référence, en France et dans le monde, en matière d’agriculture naturelle. En quelques années seulement, ils ont réussi à créer une oasis de vie généreuse sur des terres peu fertiles. Ils se sont inspirés des pionniers de l’agriculture qui explorent des voies novatrices, dont John Jeavons, Eliot Coleman et les maraîchers parisiens du XIXe siècle.

Leur démarche repose sur la permaculture. Les résultats obtenus à la ferme du Bec Hellouin stupéfient aujourd’hui les agronomes : Charles et Perrine Hervé-Gruyer produisent des récoltes abondantes et de qualité, tout en créant de l’humus, en aggradant la biodiversité, en embellissant les paysages, en stockant du carbone dans les sols et les arbres. L’étude agronomique menée à la ferme du Bec Hellouin démontre la pertinence sociale, économique et écologique d’une agriculture permaculturelle, qui dessine une nouvelle manière d’être paysans au XXIe siècle, source potentielle de millions d’emplois.

En 2014, Charles et Perrine Hervé-Gruyer ont publié un livre, Permaculture, Guérir la terre, nourrir les hommes, et début 2019, un gros Manuel pratique.

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