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La lutte contre l’évasion fiscale

Le monde de la finance offshore encourage les moyens d’éviter l’impôt, et même l’évasion ou le recyclage de l’argent, fruit de délit, et aboutit ensuite à un appauvrissement du système normal de production et de distribution des biens et des services, en retirant injustement ce qui est vital à l’économie réelle. Ces situations ne sont acceptables ni par l’éthique [la morale], ni du point de vue de l’efficacité du système économique lui-même. Aujourd’hui, plus de la moitié du commerce mondial est effectué par de grandes structures qui réduisent leurs impôts en déplaçant les revenus d’un siège à l’autre, selon leur convenance ; ils procèdent au déplacement des profits vers les paradis fiscaux, alors que les coûts sont envoyés dans les pays ayant des impôts élevés. Il est clair que cela enlève des ressources importantes à l’économie réelle et participe à la création de systèmes économiques basés sur l’inégalité. Ces espaces offshore sont devenus plus d’une fois des endroits habituels de blanchiment de l’argent « sale », c’est-à-dire fruit du produit de produits illicites (vols, fraudes, corruptions, associations criminelles, mafias, butins de guerre…).

Les impôts des États ne sont pas toujours justes. Une telle injustice est souvent au détriment des plus vulnérables, alors qu’elle favorise ceux qui sont les mieux entraînés à ces difficultés et qui peuvent influencer ceux qui font les règles des impôts. L’impôt, lorsqu’il est équitable permet l’égalité dans la répartition et la redistribution de la richesse sous forme de subventions pour ceux qui en ont besoin, mais aussi pour soutenir les investissements et la croissance de l’économie réelle. L’utilisation de moyens pour éviter l’impôt par les principaux acteurs du marché, entre autres les grandes banques, représente un prélèvement injuste de ressources à l’économie réelle, et demeure un préjudice pour l’ensemble de la société civile. Il a été calculé qu’un impôt minimum sur les transactions offshore suffirait pour résoudre une grande partie du problème de la faim dans le monde. Pourquoi ne pas le faire ? Il y  a eu beaucoup d’efforts positifs pour limiter l’importance des places financières offshore, en particulier au cours des dix dernières années. Cependant, on n’a pas réussi jusqu’ici à imposer des accords et des normes assez efficaces, parce que ces places peuvent influencer de façon importante de nombreux pouvoirs publics, vu les immenses capitaux dont elles peuvent se servir.

Le rôle du consommateur et de l’épargnant

Sur la consommation et l’épargne, un regard critique et responsable s’impose. La pratique des achats, engagement quotidien qui nous donne le nécessaire pour vivre, est aussi une autre forme de choix que nous faisons parmi les différents produits offerts par le marché. Par ce choix, nous achetons, souvent à notre insu, des biens produits peut-être à travers des filières où il est habituel de violer les droits de l’homme, ou bien par le travail d’entreprises dont l’éthique [la morale] ne connaît pas d’autre intérêt que le profit à tout prix des actionnaires. Il faut essayer de choisir des biens qui sont le résultat d’un processus moralement honnête, car même par le geste, apparemment anodin, de la consommation, nous exprimons une éthique [une morale] en acte et nous sommes appelés à prendre position face à ce qui est concrètement bon ou nuisible pour l’homme. Quelqu’un a parlé du « vote avec son portefeuille » : il s’agit effectivement de voter chaque jour, au marché, pour ce qui aide notre bien réel à tous et de rejeter ce qui lui nuit. Nous devrions réfléchir à la même manière de gérer nos épargnes personnelles, en les dirigeant par exemple vers des entreprises qui fonctionnent selon des critères clairs, inspirés d’une éthique [d’une morale] respectueuse de tout l’homme et de tous les hommes, du point de vue de la responsabilité sociale aussi. Plus généralement, chacun est appelé à développer des pratiques de production de la richesse qui soient en accord avec notre qualité relationnelle et qui tendent vers le développement de toute la personne.

CONCLUSION

Face aux immenses systèmes économiques et financiers présents partout aujourd’hui, nous pourrions nous résigner au cynisme et penser que nos pauvres forces n’y peuvent faire que bien peu. En fait chacun de nous peut faire beaucoup, surtout s’il ne reste pas seul. On ne peut se passer de la conscience et de la responsabilité sociale de nombreuses associations provenant de la société civile. Aujourd’hui plus que jamais, nous sommes tous appelés à veiller comme des sentinelles de la vie saine et à nous engager socialement chacun à notre manière, en agissant pour la recherche du bien commun, avec des principes fermes de solidarité et de subsidiarité [« Les personnes et les groupes sont capables, par eux-mêmes, de s'acquitter des tâches qui sont à leur portée et participent à leur bien comme à celui de la société et de l'humanité »].. Même s’il peut sembler fragile et insignifiant, chaque geste de notre liberté s’appuie, s’il est vraiment dirigé vers le bien authentique, sur Celui qui est le vrai Maître de l’histoire. Il s’inscrit dans une positivité qui dépasse nos propres forces, en se joignant de façon indissociable à tous les actes de bonne volonté dans un réseau qui relie le ciel et la terre, en véritable instrument d’humanisation de l’homme et du monde. C’est ce dont nous avons besoin pour bien vivre et nourrir une espérance qui soit à la hauteur de notre dignité d’être humain.

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