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Les conséquences des attitudes Parentales du professeur

           

            Avant tout il faut comprendre que suivant les enregistrements de Parent Normatif ou de Parent Nourricier que le professeur utilise, il amène l’élève littéralement à se détruire ou au contraire à se développer et à s’épanouir. L’idée que tout dépend de l’attitude Parentale qu’a l’enseignant vis-à-vis de l’élève le conduit à faire attention à la façon dont il lui parle.

            Le Parent Normatif est peut-être plus facile à identifier. Il emploie toujours certains mots déterminés. Si le professeur s’entend les utiliser, il peut décider en toute connaissance de cause de changer aussitôt de vocabulaire et d’employer celui du Parent Nourricier en lui. Il peut devenir attentif aux mots. C’est une pratique de base qui lui permettra d’augmenter l’estime que l’élève se porte.

            La voix du Parent Normatif ressemble à celle d’un sergent-chef. Elle veut toujours exercer un contrôle qui peut être excessif. Elle bouscule tout le monde et charrie toutes sortes de « modèles ». Elle donne des ordres pour indiquer comment « il faut » se comporter, penser, sentir. C’est une voix « apprise », opiniâtre ; elle est celle des préjugés ; elle cherche à manipuler l’Enfant en l’élève.

 

Choisir les mots

 

Que ce soit dans leurs observations en tête de devoir ou dans le corps du devoir, chaque fois que les correcteurs emploient certains mots quand il s’adresse à l’élève, ils doivent savoir automatiquement qu’ils viennent de mettre en route leur enregistrement de Parent Normatif. Ces mots sont : « tu dois », « tu devrais », « tu aurais dû », « il faut », « il faudrait », « il aurait fallu », « il ne faut pas », « tu es obligé de ».

De pareils termes détruisent le libre choix de l’élève, son autonomie et crée entre le professeur et son élève un rapport de dominant à dominé. Ils signifient qu’une partie de l’enseignant n’a pas confiance en l’élève. Ces mots ont un petit air de famille avec la réprimande et la punition. Ils servent à souligner l’Enfant méchant en l’élève. Ils annihilent les sentiments généreux que le professeur entretient à l’égard de l’élève.

 

Tu aurais dû y penser.

Tu aurais dû mieux faire ce travail.

Tu devrais t’organiser mieux.

Tu dois te rappeler de…

Tu dois te décider à commencer ce travail.

 

La plupart des élèves se sentent coupables après chacune des remarques de ce type que leur fait le professeur. Dans le même ordre d’idées, il vaut mieux ne jamais parler de faute et utiliser avec parcimonie le mot erreur.

Si l’on additionne le nombre de reproches qui lui sont adressés chaque jour et si on multiplie le résultat par le nombre de jours que compte une année, on comprend mieux le sentiment de malaise et de culpabilité de l’élève accablé par ces messages.

Moins l’élève a confiance en lui, plus il risque d’avoir l’impression que l’enseignant lui demande l’impossible et la perfection en tout. Si l’enseignant se situe dans un Parent Normatif excessif, il est certain que l’Enfant Adapté rebelle en l’élève se sentira coupable chaque fois que l’élève n’atteindra pas cet idéal de perfection.

 

Attentes et aspirations

 

            La vie d’un élève est remplie, et ce depuis la petite enfance, d’attentes de toutes sortes, certaines exprimées, d’autres non. Quelques-unes sont raisonnables, d’autres ne le sont pas. Les attentes déraisonnables sont pour lui source de chagrin. Elles lui demandent trop de choses, trop rapidement. Elles représentent plus que ce qu’il peut normalement réussir. En chacune se cache un « il faut », un « je devrais » ou un « il faudrait » implicite ou avoué.

            Il ne lui arrive pas de penser que ce qu’on attend de lui est peut-être déraisonnable. Il se figure simplement qu’il n’est pas « quelqu’un de bien » s’il ne parvient pas à franchir les obstacles.

            Les attentes raisonnables se sont gravées dans son enregistrement de Parent Nourricier. Les attentes déraisonnables des autres font maintenant partie de cette voix de Parent Normatif qu’il utilise contre lui-même aujourd’hui.

            À l’inverse, si ceux qui l’entourent n’attendent rien ou très peu de choses de lui, l’élève dans son Enfant en déduit peut-être : « Ces gens-là ne me demandent rien parce qu’ils s’imaginent que je suis incapable de réussir quoi que ce soit. » En ce qui concerne les attentes des autres, les deux extrêmes – trop ou trop peu – renforcent la mauvaise image qu’il peut avoir de lui.

            Très peu de jeunes ont la chance de grandir en ayant à vaincre des obstacles correspondant exactement à ce qu’ils sont capables de réussir.

 

Le perfectionnisme

 

Lui assigner un idéal impossible conduira l’élève au perfectionnisme. Le professeur dans sa voix de Parent Normatif veut que tout soit parfait : les actes de l’élève, ses sentiments, ses attitudes, ses pensées, les rôles qu’il joue. Cette voix ne laisse aucune place à l’erreur ou à l’échec. Aussi longtemps que l’élève se conforme à ses exigences démesurées, il se sent constamment obligé d’atteindre la perfection dans son Enfant Adapté soumis, ou constamment obligé de se révolter dans son Enfant Adapté rebelle. « Essaie encore et encore ! », « à quoi bon essayer » ou « j’essaierai de nouveau ! » : ces expressions risquent de devenir son refrain favori. L’apathie et la résistance passive ou active finissent par s’installer en lui.

Si le travail de Pierre a le moindre défaut, il le considère comme un échec total. Cécile a honte de ses erreurs, même si elle était fatiguée lorsqu’elle a rédigé son devoir. Léa refuse de faire des pauses ou de prendre des vacances et travaille pendant des heures sur le même devoir.

Marie n’ose plus rien entreprendre, même ce qui lui plaît. L’Enfant en elle a peur : il sait qu’elle ne sera pas la meilleure de toute façon. Les devoirs de Théo révèlent une inorganisation extrême de son travail : c’est sa façon à lui de s’opposer à l’enregistrement Parental, Normatif à l’excès, de son professeur.

Aucune de ces conduites ne dépeignent un élève autonome, dans son Adulte. Chaque fois, l’élève réagit de façon automatique, programmée. Il a appris soit à se conformer à ce qu’attend de lui le professeur ou à le défier.

 

Le propre Moi Parental Normatif de l’élève

 

L’Adulte en l’élève sait que la perfection n’existe pas. Pourtant, le Parent Normatif en lui peut l’amener à avoir inconsciemment comme idéal la perfection.

Ses parents n’ont peut-être pas vraiment réclamé de lui cette perfection. Mais leur amour dépendait de son comportement. Il est possible que l’Enfant en lui ait raisonné de la sorte : « Si je me conduis parfaitement bien, alors ils ne me rejetteront pas », « Si je me montre toujours sous mon angle le meilleur, alors je prouverai que je vaux quelque chose. » La recherche minutieuse de la perfection est la conséquence ultime d’un conditionnement de style « si…, alors… ».

Le perfectionnisme se concentre sur l’exploit. Si on ne lui décerne pas de médaille d’or chaque fois qu’il lève le petit doigt, l’enfant Adapté rebelle en lui s’imagine qu’il va en mourir. Beaucoup trop d’adultes vivent selon ce modèle du « réussis l’impossible ou meurs ».

L’enregistrement de type « si…, alors… » revêt une forme encore plus sournoise quand les parents attendent de leur enfant qu’il n’éprouve que des sentiments positifs et quand ils censurent ses sentiments négatifs.

Ses émotions sont le fondement de la personnalité de l’élève. Si on lui a inculqué que certaines étaient inacceptables, il a également appris que certaines parties de lui l’étaient aussi. Il a pensé à peu près ceci de lui :

« Je ne vaux rien, ou pas grand-chose, à cause de mes « mauvais » sentiments. Les autres ont le droit de me considérer avec mépris. Je dois dissimuler ces sentiments inacceptables qui leur permettent de me rejeter avec raison. Je suis, hélas ! incapable de m’en défaire. J’aspire à me faire confiance. Mais comment me faire confiance si une partie en moi éprouve de si vilaines choses ? »

Celui qui ne s’estime pas beaucoup tombe dans un piège : l’enregistrement où se sont gravées les attentes excessives d’autrui est à l’origine du sentiment qu’il éprouve de « n’être pas quelqu’un de bien ». Par la suite, il renforce la piètre image qu’il a de lui en exigeant lui-même de réussir les mêmes performances impossibles. Il veut conserver le sentiment familier de son peu de valeur. Il « a donc besoin » de ces normes perfectionnistes.

On se place soi-même automatiquement en position d’échouer quand on s’imagine que, pour avoir quelque valeur, notre façon de penser et agir doit absolument être parfaite. Il n’y a pas moyen de gagner. Cette démarche est vouée à l’échec. Elle provoque le chagrin et requiert énormément d’énergie. Elle engendre la peur, la honte et un sentiment de culpabilité permanent ; ces sensations permettent à l’Enfant Adapté rebelle en nous de prendre plus de place.

 

Renforcez le Parent Nourricier

 

Il est possible de faire parvenir les mêmes messages à l’élève sans diminuer sa confiance en lui-même. Il suffit d’utiliser les mots de l’Adulte, du Parent Nourricier et de l’Enfant Libre. Le Parent Normatif ne les utilise pas.

 

Adulte ne signifie pas ici celui qui a atteint la maturité. C’est la partie de notre Moi capable de raisonnement logique. Elle a prise sur le réel. Elle préfère un bénéfice à long terme qu’un plaisir momentané. Elle évalue les conséquences possibles de vos gestes. Notre Adulte est la partie responsable de nos actes devant nous-mêmes et les autres. L’adulte est celui qui choisit. C’est la composante essentielle d’une personnalité entière et équilibrée.

 

Le professeur est dans son Parent Normatif chaque fois qu’il juge l’élève, le punit, le gronde, le réprimande ou trouve que l’élève avait tort. Cela se manifeste

 

1. chaque fois que le professeur exerce sur l’élève un contrôle trop sévère ;

 

2. chaque fois que l’élève ne peut répondre aux exigences du professeur ;

 

3. chaque fois que le professeur impose à l’élève de façon trop rigoureuse ses : « il faudrait », « tu devrais », « tu dois », « il faut », « il ne faut pas » ;

 

4. chaque fois que le professeur souligne ce qui est mauvais en l’élève et qui ne va pas ;

 

5. chaque fois que le professeur pense : « on est ce que l’on fait ; et la valeur de quelqu’un diminue à chacun de ses faux pas » ;

 

6. chaque fois que le professeur est foncièrement « contre » l’élève, en ce sens qu’il hésite à lui faire confiance ;

 

7. chaque fois que le professeur apprend à l’élève à laisser les autres décider pour lui ;

 

8. chaque fois que le professeur enseigne à l’élève à se méfier de son intuition, de certains ou même de tous ses sentiments.

 

À l’opposé, le professeur est dans son Parent Nourricier quand il fait confiance à l’élève, ne le juge pas, l’encourage, le réconforte et l’aide à avoir des attitudes constructives. Cela se manifeste

 

1. chaque fois que le professeur montre qu’il apprécie l’élève, qu’il l’aide et qu’il n’exige pas de lui plus que l’élève ne peut faire avec ses moyens actuels ;

 

2. chaque fois que le professeur montre que l’élève a de l’importance à ses yeux, même quand l’élève agit mal (parce que le professeur distingue la valeur intrinsèque de l’élève de sa façon de se comporter) ;

 

3. chaque fois que le professeur remarque ce qu’il y a de bon et de positif en l’élève et chaque fois que l’élève sent le professeur inconditionnellement de son « bord » ;

 

4. chaque fois que le professeur exprime sa confiance en l’autonomie de l’élève et l’aide à se débrouiller par lui-même ;

 

5. chaque fois que le professeur répond aux besoins physiques et psychologiques de l’élève sans trop tarder et dans un esprit de cordiale coopération.

 

Tout ce qui peut être ressenti comme une blessure ou une entrave correspond au Parent

Normatif. La voix du Parent Normatif n’apporte que des frustrations. Elle ne permet pas de s’épanouir. Celle du Parent Nourricier est riche de tout ce qui conduit à l’estime de soi.

 

            La spontanéité, le sens du jeu, l’intuition, la créativité, l’instinct font partie de l’Enfant Libre. L’Enfant Libre est attentif et sensible à une sorte de sagesse intérieure. Il est responsable de l’intuition et des émotions.

 

            Il s’agit donc de ne plus tenir à l’élève un discours de maître à esclave et de remplacer les mots du Parent normatif  qui ne servent qu’à culpabiliser l’élève, à lui donner le sentiment de n’être pas quelqu’un de bien et qui ne contribuent pas à sa liberté et à son autonomie, signes distinctifs de tout Adulte responsable, par des expressions qui manifestent clairement la liberté de l’élève et sa possibilité de choix. Il s’agit de les énoncer de manière à ce qu’elles consolident en l’élève la certitude qu’il est responsable de ses choix. Le professeur formulera ses phrases de façon à exclure toute forme de blâme, de jugement de valeur, de punition ou de critique. Ce genre de discours refuse à l’Enfant Adapté rebelle en l’élève les messages dont il a besoin pour s’épanouir.

            Les formulations du professeur dans son Parent Nourricier permettent à l’élève de ne pas renoncer à tout progrès en lui permettant de se développer et de changer. Elles lui permettent d’exprimer sa volonté, sa décision et de prendre en charge son destin. C’est exactement cela dont il s’agit lorsqu’on parle d’autonomie. Le Parent Normatif contrôle, blâme et manipule. L’Adulte et le Parent Nourricier donnent la confiance, permettent le choix personnel et l’acceptation de soi[1].

 

Savoir faire la différence entre qui je suis et ce que je fais

 

            L’adolescent cherche à se séparer de ses parents, les enseignants vont jouer un rôle très important. Il se compare aux autres, il s’évalue à partir de leurs feed-backs. Son estime de soi est conditionnée par leurs messages : « Tu es nul, tu es un incapable, tu es un fainéant, tu es un raté, tu es méchant… »

            Toutes ces phrases qui se veulent éducatives sont désastreuses. En réalité, elles le blessent, le dévalorisent, le découragent, le ridiculisent.

            En disant « Tu es maladroit », « Tu es lent », on identifie la personne à une incapacité ou à un défaut à cause de l’utilisation du verbe être, ce qui produit des effets négatifs.

            Il vaut mieux encourager ses efforts, lui faire confiance et lui dire ce qu’il fait de bien.

            Pour nous accepter inconditionnellement, il nous faut faire la différence entre qui nous sommes (un être humain digne de vivre pleinement et capable d’apprendre) et ce que nous faisons (qui peut être parfois critiquable et même inacceptable) :

  • Qui nous sommes est de l’ordre de  notre identité.
  • Ce que nous faisons est de l’ordre de nos comportements.

 

La pyramide des niveaux logiques en PNL met en évidence la différence de niveau entre le comportement, les capacités et l’identité :

  • pour agir sur notre environnement, nous adoptons des comportements ;
  • pour cela, nous mettons en œuvre nos capacités ;
  • ce qui nous pousse à agir, c’est ce que nous croyons, ce qui est important pour nous, c’est le niveau des croyances et des  valeurs ;
  • ces valeurs s’inscrivent dans notre projet de vie. Cela donne du sens à qui nous sommes : c’est le niveau de l’identité ;
  • cela a aussi un impact sur les autres, c’est le niveau d’appartenance à des groupes plus larges.

En général notre éducation tend à nous faire croire que les niveaux de l’« être » et du « faire » sont dépendants l’un de l’autre : sois gentil (identité),  range ta chambre (comportement),  tu n’es qu’un paresseux (identité), fais tes devoirs (comportement)…

Bien entendu, il n’y a rien à faire pour être.  En revanche, nous sommes responsables de ce que nous faisons. Heureusement, nous avons tous la capacité d’apprendre. Pour avoir et garder une bonne estime de soi, nous avons besoin d’acquérir des compétences et de les mettre en œuvre, jour après jour pour prendre soin de nous et faire face aux défis de la vie.

      Ce qui est vrai pour nous l’est aussi pour les autres et les professeurs doivent être attentifs à ne pas confondre l’adolescent avec son comportement. L’enfant a vite fait de croire que, lorsqu’il fait une erreur, il risque de ne plus être aimé ; cela le fait souffrir et détruit son estime de soi. Être capable de voir qu’en chacun, il y a une étincelle qui ne demande qu’à briller, qu’à être reconnue et communiquer avec cette partie unique qui existe en chacun permet de créer l’alliance avec les jeunes adolescents.

      C’est voir leur humanité. Ils se sentent exister, ils se sentent reconnus, écoutés et compris. Quand ce rapport est créé, que la relation est établie, le climat de confiance installé, on peut expliquer à un enfant la différence entre ce qu’il est et ce qu’il fait.

      L’enseignant dira des mots qui touchent leur cœur et qui renforcent l’estime de soi :

  • « Tu es persévérant, tu es habile ! »
  • « Tu es capable de réussir, tu vas y arriver… ! »
  • « Tu es sensible, intelligent, généreux… ! »
  • « Tu as de l’imagination, tu es plein de bonnes idées ! »

[1] Adapté du livre de DOROTHY CORKILLE BRIGGS, Être soi-même, Les Éd. De l’Homme.

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